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Sur le plan du développement, on néglige souvent les effets bénéfiques de l’imposition même pour des sommes modiques. Pour financer leurs budgets, les gouvernements en Afrique s’appuient depuis longtemps sur des revenus tirés des ressources naturelles ou bien sur des aides extérieures. Depuis la crise financière mondiale de 2008, on parle plus de la contribution potentielle que pourrait fournir une amélioration dans la mobilisation des ressources intérieures. Néanmoins, les donateurs internationaux oublient souvent le rôle primordial de la négociation des impôts dans la construction d’états efficaces, responsables, et réactifs, partout dans le monde développé. L’imposition n’est jamais chose appréciée par les contribuables : mais, dans le long terme, ce n’est qu’en payant les impôts que les citoyens auront un gouvernement consensuel et représentatif.

Dans les pays d’Afrique, où l’influence du gouvernement national est souvent limitée en dehors de la capitale, le renforcement de la production et de la perception des recettes entraînerait une amélioration dans l’édification de l’état ; il assurerait, en outre, la réalisation des avantages potentiels des politiques de décentralisation. Si les gouvernements investissaient dans la création d’une dépendance réciproque avec les contribuables, et dans un perfectionnement des capacités administratives de l’état, il s’ensuivrait de nombreuses améliorations dans l’élaboration des politiques, ainsi que dans la prestation de services locaux.

Compte tenu des liens entre la perception locale des impôts et la mise en place d’infrastructures et services municipaux, on a loué la fiscalité foncière comme étant la source idéale de recettes pour les gouvernements municipaux. Cependant, l’on a négligé de tels revenus en préférant les taxes à la consommation, lesquelles se voient moins facilement – en tant que pourcentage prélevé sur les transactions – que le paiement annuel de l’impôt foncier. Il suffirait que les autorités locales effectuent une simplification dans les taux fixés pour la contribution, qu’elles sensibilisent les contribuables aux effets bénéfiques de la conformité fiscale, et qu’elles s’affrontent à la résistance politique de la part de riches propriétaires. Dans ce cas, l’impôt sur les terrains et sur les bâtiments pourra appuyer le développement économique et politique sur le plan local.

 

Auteurs

Nara Monkam

Mick Moore

Mick Moore est professeur à l'Institute of Development Studies et directeur fondateur du Centre international pour la fiscalité et le développement. Économiste politique, il s'intéresse principalement aux dimensions nationales et internationales de la bonne et de la mauvaise gouvernance dans les pays pauvres, et plus particulièrement à la fiscalité en Asie et en Afrique.
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